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Eugène Boudin biographie

«J'habitais mon pavillon "ensorcelé" des trente-six marches, rue de l'Homme-de-bois... J'ai eu pour visiteurs bien des morts illustres... J'y reçus Courbet et Schaunard de La Vie de Bohême. J'y régalais Baudelaire de la vue de mes ciels au pastel. Troyon y passa bien des heures. Français aussi. Isabey, qui était mon voisin, m'y donna des encouragements, et le grand Jongkind, un fameux aussi celui-là, y vint bien des fois se griser de la vue de la baie de Seine, de nos intimes causeries et du bon cidre normand.»

Eugène Boudin est un enfant du pays, né à Honfleur en 1824 dans une famille de marins. A dix ans, sa famille s'installe au Havre et à vingt, il achète dans cette ville, avec un associé, une petite boutique de papetier-encadreur et expose les oeuvres confiées par des artistes de passage : Isabey, Troyon, Couture ou Millet auquel il montre ses premiers essais. La ville du Havre lui accorde en 1851 une bourse d'étude de trois ans afin de lui permettre d'étudier à Paris. Boudin partage en fait son temps entre la capitale, le Havre et Honfleur où il prend pension dans des maisons de locations ou à la ferme Saint-Siméon, chez la "mère Toutain". C'est là qu'il a le privilège d'approcher les plus grands artistes de l'époque. Tous admirent son travail et sa probité.

1859, Boudin fait la connaissance de Baudelaire

En 1859, il rencontre Charles Baudelaire (1821-1867) alors en villégiature chez sa mère. Boudin montre au poète, avec humilité, ses études de ciels au pastel. Baudelaire, en critique d'art avisé, pressent le génie de Boudin et le rôle qu'il tiendra auprès des impressionnistes.

Baudelaire fait ici oeuvre de visionnaire. La peinture de paysage est loin d'être pleinement appréciée par les "Officiels" et les amateurs. Ce ne sont pas les paysages purs qui apportent à Boudin quelque gloire et un réconfort matériel mais bien ses "petites poupées", ses plages où la figure humaine reprend la première place.

Cette rencontre avec Baudelaire confortera Boudin dans son opinion de ne jamais abandonner la voie qu'il s'est tracée et de toujours chercher à améliorer son expression artistique. Son amitié avec Claude Monet et Johan-Barthold Jongkind sera toute aussi déterminante.

Une rencontre bénéfique pour chacun

La rencontre de ses trois personnalités complémentaires sera d'ailleurs bénéfique pour chacun. Claude Monet observe chez Boudin une subtilité dans le choix des couleurs, une maîtrise dans le traitement des harmonies en demi-teintes, une légèreté de l'air et un accord total entre l'atmosphère et le sujet traité. Jongkind lui révèle, dans ses aquarelles, la manière large, le geste nerveux, le dessin suggestif. Monet offre à Boudin la vision d'une manière plus large, de perspectives et de cadrages de sujet inhabituels. Jongkind, maître dans l'art de l'aquarelle, initie ses deux amis et trouve, auprès d'eux, joie et réconfort.
L'importance du ciel et des effets atmosphériques dans les peintures d'Eugène Boudin lui vaudront d'être surnommé le « roi des ciels » par Camille Corot. Boudin attachait en effet une grande importance au paysage en mouvement.
Il s'éteint en 1898 à Deauville à l'âge de 74 ans. La même année, la Galerie Durand-Ruel expose à New-York 49 de ses peintures.

En savoir plus. Catalogue du musée Eugène Boudin, 15 € ; Eugène Boudin, éditions Somogy, 20 €.