Cette exposition est reconnue d'intérêt national par le ministère de la Culture. elle bénéficie à ce titre d'un soutien financier exceptionnel de l'État.
Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, les ports du Havre, de Honfleur et de Rouen ont constitué un pôle industriel, financier et commercial qui a joué un rôle important dans la traite atlantique, intégrant le trafic d’hommes, de femmes et d’enfants achetés en Afrique de l’ouest et revendus majoritairement sur le continent américain. Depuis plusieurs années, les universitaires ont participé activement à la documentation de ce phénomène largement méconnu qui touche pourtant une grande part de la Normandie et particulièrement les ports du Havre, de Rouen et de Honfleur. C’est sur la base de ce travail mémoriel qu'est organisée une exposition d’ampleur régionale présentée simultanément par les trois collectivités partenaires que sont la ville du Havre, la Métropole Rouen Normandie et la ville de Honfleur.
Elle a pour vocation de montrer la participation des Normands et du territoire de la Normandie à ce commerce en Afrique et en Amérique au cours des XVIIIe et XIXe siècles,
Anonyme - Le Phénix - navire utilisé par le capitaine Jacque Lacoudrais pour la traite atlantique ©Illustria
Le site de Honfleur envisage prioritairement la question de la traite sous l’angle maritime, en apportant un éclairage particulier sur le déroulement des différentes étapes de la navigation et les lieux qui la ponctuent : pour les personnes mises en esclavage, la terre africaine, les Antilles et, parfois, Honfleur même ; pour les négociants de la Ville, Honfleur et les plantations de Saint-Domingue ; pour les marins, bien sûr, les lieux d’embarquement et de débarquement.
L'EXPOSITION
Après une introduction commune aux trois lieux établissant les données fondamentales du problème de la traite normande, de ses origines à ses spécificités, l'exposition du musée Eugène Boudin évoquera alors la tradition des premières expéditions lointaines parties de Honfleuret les premiers voyages de traite entrepris au 17e siècle, avant le grand essor du siècle suivant. Port d’expéditions lointaines de longue date, Honfleur est, malgré sa petite taille, aguerrie aux longues navigations que présuppose la traite atlantique.
La résurgence, à partir des années 1760, de l’entreprise négrière honfleuraise, accolée à la formation d’un conglomérat puissant avec les deux autres ports normands que sont Le Havre et Rouen, sera ensuite traitée à travers différentes sections, mettant en scène différents protagonistes :
- L'armateur : la primauté de Jean-Baptiste Prémord avec sa Société pour la Rivière de Sierra Leone, puis l’essor des Lacoudrais, Picquefeu de Bermon, Baillet… associés à différents investisseurs.
- L'équipage : un équipage aux fonctions diverses (matelot, charpentier, tonnelier, chirurgien…), des marins polyvalents (course, commerce, traite...).
- La construction, l'aménagement et l'armement du navire : un navire réputé non spécifique, semblable à ceux du commerce en droiture, mais un aménagement particulier réalisé sur les côtes d'Afrique.
- Les préparatifs du voyage et de la traite (marchandises destinées tant à la vie à bord qu'à la traite), dépendant des méthodes de travail des différents armateurs : approvisionnement et chargement en fret de pacotille destiné à être échangé contre des esclaves en Afrique, ou au contraire achat direct d’esclaves auprès de factoreries anglaises en Afrique, dispensant de constituer un chargement de marchandises d’échanges.
- Le “voyage circuiteux” proprement dit : la durée des voyages, liée aux sites de traite choisis ; la
navigation à la lumière des journaux de bord (l’Aimable Rose, l’Auguste…) ; les aléas...
- Le processus de traite : point d'orgue de l'exposition, on considérera les différentes étapes d’échange et de vente, ses différents acteurs (le capitaine, la figure du courtier africain…) et la mesure de leur enrichissement.
- La question de la traite illégale (Lacoudrais) et de la présence noire à Honfleur, assez clairement identifiée à travers différents actes administratifs.
- La mémoire de la traite dans l’espace urbain honfleurais aujourd’hui (Lacoudrais, Prémord, Lion de Saint-Thibault, Picquefeu de Bermon...), prélude à une découverte, en prolongation de l’exposition, des signes de cette activité passée.
L'exposition sera naturellement accompagnée d’une riche programmation culturelle, reposant entre autres sur un partenariat mené avec les différents acteurs culturels de la ville de Honfleur et du territoire, qui proposeront chacun une programmation en lien avec leur domaine de compétence, du spectacle vivant au livre en passant par la musique.
Commissariat de l'exposition :
- Guillaume Gaillard, coordinateur de l'exposition régionale,
directeur de la valorisation des patrimoines de la ville du Havre
- Éric Saunier, maître de conférence en histoire moderne à l'université Le Havre - Normandie,
codirecteur du pôle maritime/Université Caen Normandie
- Benjamin Findinier, directeur des musées de Honfleur
- Emmanuelle Riand, directrice des musées d'art et d'histoire, Le Havre
- Mathilde Schneider, directrice des musées Beauvoisine, Rouen
Tél. : +33 (0)2 31 89 54 00 - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.